Acrodermatite papuleuse sans infection

Cas clinique

Une fillette de 18 mois sans antécédent qui, un jour après l’administration de la quatrième dose de vaccin DTPa-HiB-IPV, a présenté plusieurs lésions papulovésiculaires non prurigineuses sur la cuisse droite autour du site d’injection, de couleur brune et de 2 à 4 mm de diamètre. Le jour suivant, d’autres lésions de même morphologie sont apparues sur la face antérieure de la jambe controlatérale et le dos du pied (Fig. 1). Elle est restée fiévreuse et sans autres symptômes. Le reste de l’examen physique était normal. On lui a diagnostiqué une acrodermatite papulaire. Des analyses complémentaires ont donné les résultats suivants : 12 700 leucocytes/μl (55 % de lymphocytes). ESR : 15 mm, GOT : 47 U/l, le reste des tests sanguins étaient normaux. Les sérologies pour l’hépatite A, B, C et Epstein-Barr étaient négatives. Les lésions ont progressivement disparu après huit semaines de durée, sans traitement.

Figure 1. Patiente au deuxième jour de l’apparition de l’exanthème.

Question

Quel est votre diagnostic

Syndrome de Gianotti-Crosti ou acrodermatite papulosquameuse infantile postvaccinale

Traditionnellement, le syndrome de Gianotti-Crosti a été lié à une infection par le virus de l’hépatite B. Toutefois, des études ultérieures ont montré que d’autres virus (Epstein-Barr, cytomégalovirus, coxsackie, échovirus, parainfluenza et herpèsvirus 6) peuvent provoquer les mêmes manifestations. C’est pourquoi le terme de syndrome de Gianotti-Crosti a été utilisé pour décrire toutes les dermatoses éruptives acrales caractérisées cliniquement par des lésions papulovésiculaires, papuloliquenoïdes ou papuloedémateuses, roses ou brunâtres, d’origine virale, qui suivent généralement une évolution bénigne et autolimitée de quelques semaines1.

Le diagnostic différentiel doit être établi principalement avec les éléments suivants : acrodermatite entéropathique, érythème infectieux, érythème polymorphe, maladie mains-pieds-bouche, purpura de Schönlein-Henoch, maladie de Kawasaki, lichen plan, syndrome papulaire purpurique du gant et de la chaussette, urticaire papulaire, gale, maladie de Letterer-Siwe et réactions cutanées aux médicaments.

Dans le cas clinique présenté, le seul antécédent était une immunisation par le vaccin DTPa-Hib-IPV. Plusieurs cas associant le syndrome de Gianotti-Crosti à une vaccination antérieure ont été décrits dans la littérature médicale (tableau 1).

Certains auteurs pensent que la stimulation du système immunitaire (vaccination) et la coexistence ou l’interférence avec une infection virale4,6,11 sont nécessaires au développement de la maladie. Il semble probable que la pathogénie de la maladie soit déclenchée soit par l’antigénémie virale, soit par la circulation d’immunocomplexes dans le sang11.

Dans le cas présenté, il est intéressant de constater que l’éruption cutanée a commencé autour de la zone d’injection du vaccin, à laquelle même la mère a suggéré la possibilité d’une relation causale.

Dans le cas des vaccins, tous les événements qui surviennent après leur administration sont appelés « événements indésirables après vaccination », sans impliquer de relation de cause à effet, mais seulement de temporalité1.

Le cas a été signalé au système espagnol de pharmacovigilance (Centre régional de Castille et Léon). Dans cette évaluation, la relation entre le vaccin et l’événement indésirable a été jugée « probable » (les catégories de probabilité étaient les suivantes : improbable, conditionnel, possible, probable et certain). Depuis l’apparition du système espagnol de pharmacovigilance, seuls deux cas ont été signalés, tous deux chez des enfants, l’un après le DTP et l’autre après le ROR.

On n’a trouvé aucune référence bibliographique de cas publiés en Espagne de l’association entre vaccin et Gianotti-Crosti. Cependant, il existe plusieurs publications internationales décrivant des cas d’apparition de ce syndrome après l’administration de différents types de vaccins chez l’enfant, y compris les nouveaux vaccins combinés (tableau 1). Les intervalles décrits entre la vaccination et l’éruption varient d’un jour à deux semaines. Ces articles soulignent la nécessité de considérer les vaccins comme des facteurs étiopathogéniques, bien que la prudence soit de mise car à l’âge où le syndrome de Gianotti-Crostti est le plus fréquent, en dessous de quatre ans, de nombreux enfants auront des antécédents de vaccination récente.

La notification et la publication de nouveaux cas peuvent aider à mieux comprendre l’étiopathogénie du syndrome de Gianotti-Crosti.

Reconnaissances

Nous tenons à remercier le Dr M. Sainz Gil, technicien du Centre régional de pharmacovigilance de Castille-et-León.

Nous tenons à remercier le Dr M. Sainz Gil, technicien du Centre régional de pharmacovigilance de Castille-et-León.

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