Cellules souches et discopathie dégénérative

Écrit par Ann M. Gault , Kaliq Chang, MD
Révisé par Dwight S. Tyndall, MD, FAAOS

SpineUniverse.com a interviewé Kaliq Chang, MD – un anesthésiste et spécialiste de la gestion de la douleur – sur les cellules souches dans le traitement de la discopathie dégénérative.

Dr. Chang, que sont les cellules souches ?

Dr. Chang : Il existe plusieurs types différents de cellules souches qui sont utilisées dans le domaine émergent de la médecine régénérative. Les cellules souches sont attachées aux vaisseaux sanguins et lorsqu’un vaisseau sanguin est brisé, comme lors d’une blessure, les cellules souches sont libérées pour aider à réparer les dommages et à guérir le corps. Les cellules souches présentes dans la moelle osseuse sont utilisées avec succès depuis 20 ans pour traiter certains troubles affectant les hanches, les genoux et les épaules. Également appelées cellules souches mésenchymateuses, ces cellules ont la capacité unique d’orchestrer la guérison et la repousse des cellules perdues à la suite d’une blessure, du vieillissement ou de l’usure normale.

Qu’est-ce que la discopathie dégénérative ?

Dr Chang : La colonne vertébrale est composée d’une alternance de vertèbres (os) et de disques qui travaillent pour absorber et distribuer la pression et le stress lorsqu’un corps est actif ou au repos. La majorité de l’absorption et de la distribution du poids du corps est gérée par le bas du dos ou la colonne lombaire – une région vertébrale commune où la discopathie dégénérative peut se développer.
A mesure qu’une personne vieillit, le processus naturel de vieillissement (dégénérescence au niveau cellulaire) peut progressivement changer et affecter la force et la structure d’un ou plusieurs disques intervertébraux. Les disques qui sont normalement remplis d’eau peuvent commencer à se dessécher, ce qui affecte leur capacité à absorber les chocs. Parfois, un disque peut se rompre (hernie discale) et libérer des protéines qui irritent les racines nerveuses spinales fragiles, provoquant une inflammation et des douleurs.

Pourquoi et comment les cellules souches sont-elles utilisées pour traiter la discopathie dégénérative ?

Dr Chang : Des études montrent que les cellules souches adultes (également appelées cellules souches non embryonnaires) peuvent être efficaces pour soulager les douleurs dorsales causées par la discopathie dégénérative. Contrairement aux autres tissus du corps, les disques de la colonne vertébrale ont un apport sanguin très limité. En d’autres termes, un disque affecté par les effets dégénératifs peut-être liés au vieillissement et/ou à l’usure peut ne pas être en mesure de se réparer. Les cellules souches sont uniques dans leur capacité à aider à réparer les dommages. Elles peuvent être insérées (par injection) dans un disque endommagé pour favoriser la guérison.
Les cellules souches peuvent régénérer la formation du tissu conjonctif fibreux (par exemple, les ligaments), ce qui les rend idéales pour aider à réparer les dommages aux tissus mous causés par la discopathie dégénérative. Le plus haut niveau de concentration de cellules souches se trouve dans la moelle osseuse adulte (ex : os de la hanche).

La thérapie par cellules souches convient-elle à tous les patients atteints de DDD ?

Dr. Chang : Les bons candidats à cette procédure ont une douleur qui n’a pas répondu aux méthodes de traitement conservatrices telles que la thérapie physique, les médicaments en vente libre et les injections épidurales. Ces patients ont reçu un diagnostic de discopathie dégénérative confirmé par un examen physique et une IRM.
Les meilleurs candidats ont tendance à être des patients plus jeunes qui ont subi une sorte de blessure dans une zone isolée du dos impliquant un ou deux disques. Les patients plus âgés ont tendance à présenter un DDD plus étendu.

Comment obtient-on des cellules souches ?

Dr. Chang : Le processus d’obtention des cellules souches est appelé le prélèvement. Le prélèvement de cellules souches dans l’os de la hanche des adultes est approuvé par la Food and Drug Administration américaine.
La douleur est contrôlée par l’administration d’un anesthésique local. La sédation (par exemple, le sommeil crépusculaire) est une option. L’obtention de cellules souches est une procédure stérile effectuée par un médecin qui utilise la fluoroscopie, un type d’imagerie médicale en temps réel. La fluoroscopie est semblable à un cliché d’une partie spécifique de la colonne vertébrale du patient et est utilisée pour aider à guider le placement de l’aiguille dans l’os de la hanche. Une fois l’aiguille correctement placée, une quantité appropriée de moelle osseuse est extraite et placée dans une centrifugeuse pour séparer les composants cellulaires. En bref, le processus produit une substance hautement concentrée contenant les cellules souches.
L’inconfort post-interventionnel est traité à l’aide d’une poche de glace et d’acétaminophène en vente libre.

Comment déterminez-vous l’endroit où placer les cellules souches dans la colonne vertébrale du patient ?

Dr. Chang : Pour être sûr de réparer le bon disque, nous devons d’abord localiser la source exacte de la douleur par une procédure connue sous le nom de discographie provocatrice. Au cours de cette procédure stérile sous guidage fluoroscopique, des aiguilles sont insérées dans le dos du patient dans le disque « suspect ». Un liquide est injecté dans le disque « suspect » et les réponses à la douleur du patient sont soigneusement notées. La discographie peut reproduire le type et le schéma de la douleur du patient et peut aider à cibler la source de la douleur et des symptômes.

Quels sont les risques et les avantages potentiels de la thérapie par cellules souches ?

Dr. Chang : Les risques sont les mêmes que pour toute procédure médicale (ex : saignement, infection). Nous mettons tout en œuvre pour protéger la stérilité de l’environnement parce que l’infection dans la colonne vertébrale peut être très grave.
Les patients sont informés que la douleur qui suit la procédure peut être ressentie comme pire que la douleur de la discopathie dégénérative. C’est parce que nous insérons du volume dans une zone très sensible. Cette douleur est normale. Habituellement, environ la troisième semaine après l’intervention, la plupart des patients signalent un soulagement de la douleur. Progressivement, le soulagement de la douleur s’accentue pendant environ trois mois. Des études ont montré que 75 % des patients sont soulagés jusqu’à deux ans.

Traiter la discopathie dégénérative avec les propres cellules souches du patient tire parti de la capacité du corps à se guérir naturellement. Une fois que les cellules souches ont été ajoutées au disque, celui-ci fonctionnera très probablement sans douleur.
Le traitement par cellules souches peut être préféré aux autres traitements de la discopathie dégénérative, tels que la chirurgie pour retirer un ou plusieurs disques endommagés, le remplacement du disque endommagé par un dispositif artificiel ou la fusion. Cependant, il est important de comprendre que la discopathie dégénérative peut entraîner une instabilité vertébrale ou un dysfonctionnement neurologique nécessitant une intervention chirurgicale.

Commentaires de clôture du Dr Chang

Un risque possible à long terme du traitement par cellules souches est la croissance tumorale causée par une prolifération incontrôlée des cellules souches. Cependant, cela semble plus préoccupant lorsque des cellules souches embryonnaires sont utilisées. Les cellules embryonnaires peuvent continuer à se diviser (augmenter en nombre) et prendre les caractéristiques des cellules cancéreuses.
Dans certaines études animales, le développement de tumeurs en a résulté. À ce jour, le problème de la prolifération est moins préoccupant avec les cellules souches adultes, car elles semblent avoir une limite prédéfinie au nombre de leurs divisions.
On n’a signalé aucun effet indésirable à long terme et la procédure peut également inverser les effets du vieillissement et de l’usure de la colonne vertébrale. Je pense que les cellules souches adultes deviendront bientôt l’étalon-or du traitement de la dégénérescence discale, bien qu’il s’agisse d’un domaine émergent.

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