Le « tapis de course anti-gravité » a été inventé à l’origine par Robert Whalen, un chercheur en biomécanique au centre de recherche Ames de la NASA, dans les années 1990.
Whalen savait que les astronautes de la Station spatiale internationale doivent faire de l’exercice pendant des heures chaque jour pour lutter contre la perte de masse osseuse et de muscles en microgravité. Mais le tapis roulant de l’ISS a toujours laissé à désirer. Au lieu de la gravité, il utilise des sangles autour des épaules et des hanches pour ancrer l’astronaute au tapis de course. Le système de sandows ne parvient pas à reproduire l’ampleur ou le type de force que les coureurs subissent ici sur Terre. Et pour ne rien arranger, il est plutôt inconfortable de courir avec. L’astronaute Sunita Williams, qui a été la première personne à courir le marathon de Boston dans l’espace, a décrit son expérience dans un communiqué de presse de la NASA : « Pendant le marathon, mon pied était parfois engourdi et picotait à cause de la pression des sangles sur ma hanche. De plus, j’ai dû utiliser de la moleskine là où le harnais frottait mon cou à vif. »
Whalen a conçu un tapis de course qui permettrait aux astronautes de courir de manière plus naturelle. Le concept, breveté en 1992, enferme un tapis de course et le bas du corps de l’astronaute dans une chambre étanche à l’air. En abaissant la pression de l’air à l’intérieur de la chambre, on pousse l’astronaute vers le bas, simulant ainsi la gravité. Alors que l’ancien tapis roulant de l’ISS permettait à Williams de courir avec environ 60 % de son poids terrestre, le tapis roulant de Whalen lui aurait permis de s’exercer avec son poids terrestre normal. C’est important pour garder les muscles et les os en bonne santé lorsque les astronautes rentrent chez eux.
Mais l’idée de Whalen n’a jamais abouti. En 2005, la technologie a été cédée sous licence à une société appelée AlterG, qui semble avoir inventé le terme « tapis roulant anti-gravité ». Au lieu d’ajouter du poids aux astronautes dans l’espace, AlterG utilise cette technologie pour soulager les patients en rééducation qui se remettent de blessures aux jambes et aux pieds.
Le produit d’AlterG ressemble à une maison de rebond pour le bas du corps. Pour l’utiliser, vous enfilez une paire de shorts moulants en néoprène. Le short a une sorte de jupe attachée, et la jupe est doublée de dents de fermeture éclair. Vous montez sur le tapis de course, à l’intérieur d’un trou dans son enveloppe en plastique, et vous vous enfermez dans une fermeture éclair de sorte que, à partir de la taille, vous êtes enfermé dans un sac en plastique hermétique. Pendant que vous êtes là, le tapis de course mesure votre poids et vous lui indiquez l’intensité de votre entraînement. La machine utilise une « technologie d’allègement » qui vous donne l’impression d’être jusqu’à 80 % plus léger : si vous pesez 45 kg, vous pouvez vous sentir aussi léger que 10 kg sur le tapis de course. Les termes « anti-gravité » et « technologie d’allègement » sont des descriptions enthousiastes pour ce que fait réellement la machine, à savoir gonfler le sac en plastique autour du bas de votre corps pour vous soulever de la surface du tapis de course.
Malgré son nom peut-être exagéré, le tapis de course anti-gravité semble faire de bonnes choses dans les cliniques de réadaptation physique, car il permet aux patients de faire de l’exercice sans exacerber une blessure. Voici la critique élogieuse de la NASA sur le tapis roulant anti-gravité :
Les équipes sportives professionnelles et universitaires de tous les États-Unis disposent du tapis roulant AlterG dans leurs installations d’entraînement. Les soldats blessés marchent et courent avec l’aide de cette technologie dans les hôpitaux militaires et les centres de rééducation. Les personnes âgées font des exercices essentiels grâce à l’assistance fournie par la machine, tout comme les personnes souffrant de problèmes de poids bariatrique qui ne peuvent normalement pas supporter leur propre poids. Le tapis roulant a également été une option éprouvée pour des utilisations neurologiques, notamment pour aider les patients à réapprendre l’équilibre et la démarche appropriés et à faire la transition vers un mouvement indépendant après une lésion cérébrale traumatique.
Diverses études évaluées par des pairs suggèrent également qu’il aide les gens à se remettre sur pied.
Une véritable machine anti-gravité – c’est-à-dire qui n’est pas agitée par la gravité – aurait bien sûr des applications encore plus passionnantes, notamment dans les vols spatiaux. Malheureusement, pour le moment du moins, ces machines ne fonctionnent que dans la science-fiction.