De la confession à la malédiction… La mort de Jacques de Molay

Le 18 mars 1314, Jacques de Molay est brûlé sur le bûcher. Il est le 23e grand maître des Templiers, un guerrier aguerri, un homme de soixante-dix ans. Mais bien qu’il soit vieux, sa voix avait du poids, et alors que son corps torturé fondait dans les flammes, il mugit une malédiction qui devait être satisfaite en quelques mois seulement.

L'incendie des Templiers - Image de Wikipédia

L’incendie des Templiers – Image de Wikipédia

Des temps troublés au début du siècle

Les Templiers, un ordre monastique de chevaliers qui était LA force de frappe de l’époque, étaient devenus une puissance à la fois combative et financière avec laquelle il fallait compter. Ils disposaient d’une force qui avait été cultivée au cours des deux cents années précédentes et qui s’accompagnait d’une réputation redoutable.

Ils avaient aussi cultivé quelques ennemis redoutables, cependant, et en 1314, cela incluait le roi Philippe IV de France et le pape Clément V. Grâce à leur succès pendant les croisades, et à leurs activités accumulées dans le commerce, ils étaient non seulement devenus une force avec laquelle il fallait compter, mais aussi une institution monastique qui était mûre pour être renversée.

Philippe commença à exercer son extraordinaire pouvoir

Au début du XIVe siècle, bien que les Templiers ne contrôlaient plus aucune partie de la Terre Sainte, les rumeurs sur leur richesse allaient jusqu’à dire qu’ils avaient découvert le trésor du roi Salomon ; de telles rumeurs arrivant également aux oreilles du roi de France. Pour diverses raisons, il a décidé d’emprunter de l’argent aux Templiers, une somme substantielle, et c’est ainsi que le début de leur chute a commencé. Il est peu probable que Philippe ait jamais eu l’intention de rembourser ce qu’il devait, mais avoir une dette envers les Templiers n’aurait pas été quelque chose qu’il savourait.

Pour planter le décor… Ayant déjà déposé divers papes, Philippe avait délocalisé une papauté de Clément V joliment complaisante à Poitiers, en France. Il avait également tenté d’unifier les Templiers avec les Hospitaliers, un ordre rival dont la mission était de soigner les pèlerins malades en Terre Sainte. Cette fusion aurait placé l’ordre unifié sous le pouvoir de Philippe, ce qui aurait facilité l’annulation de sa dette et l’aurait rendu presque invincible. C’est une chose à laquelle Jacques de Molay s’était fortement opposé.

L’opposition de De Molay aux plans de Philippe allait sceller son destin. D’autres rumeurs croissantes de comportement inapproprié des Templiers ont donné à Philippe l’excuse dont il avait besoin pour mettre son pape fantoche en action. Clément V a annoncé qu’il allait entreprendre une enquête sur les allégations et l’horloge a commencé à faire tic-tac.

Des raids à l’aube et des emprisonnements

C’était un projet extraordinairement bien organisé et discrètement organisé. Un matin particulier à l’aube fut choisi et les plans furent élaborés avec des détails méticuleux. Le 13 octobre 1307, les chevaliers templiers de toute la France se retrouvèrent arrêtés et accusés d’un mélange de corruption et de comportement immoral. Une combinaison enivrante qui assurerait la destruction de leur réputation et la confiscation de leurs richesses.

De Molay, maintenant dans la soixantaine, a été interrogé. Sa torture aura été brutale ; les interrogateurs mettaient un point d’honneur à causer un maximum de détresse sans provoquer la mort. En peu de temps, de Molay avoua les actes d’hérésie supposés commis par les Templiers, des actes tels que le reniement du Christ, l’abus du crucifix de manière sacrilège, l’activité homosexuelle et l’idolâtrie d’un corps momifié en forme de chat. Si la « langue » était reconnue à l’époque, ces accusations portaient très certainement sur la « langue ». Pour la population largement analphabète, les crimes complexes concernant les finances les dépassaient, mais les atrocités religieuses correspondaient parfaitement à l’esprit du temps. Bien qu’il puisse s’agir de simples ouï-dire, l’hérésie est marquée au fer rouge, métaphoriquement et probablement littéralement. Et comment peut-on réfuter une telle chose ? Seul Dieu connaît la réponse à cette question… Le sort des Templiers était assuré.

De Molay, un homme de conviction

Le procès s’éternisa, durant plus de cinq ans. Et le cauchemar n’était pas terminé pour eux lorsqu’un décret papal annonça, le 22 mars 1312, que l’ordre des Templiers était aboli. Beaucoup de ceux qui ont été arrêtés, y compris de Molay, ont été emprisonnés tout au long, et fréquemment soumis au râtelier et à d’autres méthodes horribles de torture.

La confession originale de De Molay l’a cependant hanté. Et peut-être les années de souffrance en prison avec ses compagnons chevaliers ont-elles affaibli son corps mais endurci sa résolution. Après sept ans, ayant pourri jour après jour, il révoqua ses aveux. Les gros bras sont appelés et l’interrogatoire s’intensifie, mais cette fois, de Molay reste ferme. Pour la petite histoire, il refuse d’accepter sa culpabilité, et d’autres maîtres qui croupissent à ses côtés s’inspirent de sa force et rétractent eux aussi leurs aveux. Philippe n’avait qu’une seule réponse à cela… qu’ils soient brûlés sur le bûcher. Aucun autre procès ou audience n’a été nécessaire.

La malédiction des rois

Le 18 mars 1314, de Molay et trois autres maîtres sont emmenés sur l’île des Juifs, une petite île de la Seine. Les bûchers avaient été préparés, et l’on dit que celui de de Molay avait fait l’objet d’une attention particulière quant à la lenteur de sa combustion. On dit aussi qu’il ne montra aucune crainte et résista à la douleur, mais dans les dernières minutes avant sa mort, on entendit sa voix invoquer une malédiction sur Philippe et Clément V. Il demanda au Christ de prouver l’innocence des Templiers en amenant le jugement de Dieu sur leurs persécuteurs. D’ici un an et un jour, s’écria-t-il, que Philippe et le pape soient morts, et que la lignée de Philippe ne règne plus.

La réponse de Karma qui fait froid dans le dos

La question de savoir si vous accordez du crédit à de telles pratiques superstitieuses vous appartient. Cependant, en trente-trois jours, le pape Clément V était mort d’une maladie non précisée. Et sept mois plus tard, Philippe est victime d’une attaque cérébrale en phase terminale alors qu’il chasse. La clause supplémentaire de De Molay concernant la lignée de Philippe a pris un peu plus de temps à se réaliser… mais elle s’est réalisée. Au cours des années qui suivirent, sa dynastie capétienne, Les Rois maudits comme on les appela, disparut elle aussi, chaque monarque mourant sans enfant.

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