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Dès le moment où Henry Hill, joué par Ray Liotta dans « Goodfellas » de Martin Scorsese, prononce les mots désormais légendaires : « Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être un gangster », le spectateur savait que ce film ne ressemblerait à aucun autre film sur la mafia.

Peu de gens nieraient que Goodfellas est devenu un classique, et Scorsese, en le réalisant, a sans doute produit le film de gangsters ultime et placé la barre assez haut. Mais Goodfellas est bien plus qu’un simple film sur la mafia. C’est aussi l’une des meilleures satires du rêve américain, un film d’ascension et de chute, une tragédie et une comédie.

Le film était basé sur un livre de non-fiction de 1986 de Nicholas Pileggi intitulé Wiseguy. Scorsese pensait qu’il n’y avait aucun intérêt à faire un film de gangsters, mais après avoir lu Wiseguy, il a changé d’avis. L’une des parties essentielles du livre est le tristement célèbre vol de la Lufthansa en 1978, un cambriolage à l’aéroport John F. Kennedy qui est devenu le crime qui a fait l’objet de la plus longue enquête en Amérique. Pendant plus de 35 ans, la police a continué à travailler sur cette affaire. En 2014, l’un des gangsters de la Lufthansa, Vincent Asaro, alors âgé de 79 ans, a finalement été arrêté pour cette affaire, avant d’être acquitté en novembre 2015 de tous les chefs d’accusation par le tribunal fédéral de Brooklyn.

Dans les années 1980, lorsque Scorsese a lu le livre de Pileggi, ce qu’il a trouvé particulièrement intéressant, ce sont les détails, alors il a appelé l’écrivain pour lui dire qu’il voulait faire un film. Le résultat fut un chef-d’œuvre cinématographique.

Il n’est pas surprenant que le film emblématique ait un grand nombre de liens avec la mafia réelle, en particulier la famille criminelle Lucchese, et l’histoire réelle semble être aussi intrigante que celle qui est apparue sur le grand écran en 1990. Le cerveau du casse de la Lufthansa était le mafieux Jimmy Burke (« Jimmy Conway », interprété par Robert De Niro, dans Goodfellas). Accompagné de plusieurs associés, dont Parnell « Stacks » Edwards (joué par Samuel L. Jackson) et Tommy DeSimone (joué par Joe Pesci), il réussit à voler 5 millions de dollars en espèces et 875 000 dollars supplémentaires en bijoux à l’aéroport John F. Kennedy.

Dans l’histoire des États-Unis, il n’y a jamais eu de vol d’espèces plus important ; la valeur de l’argent volé en 1978 est estimée à environ 20 millions de dollars en monnaie d’aujourd’hui. Ce n’était pas un film, c’était la vraie vie, avec de vraies personnes qui ont élaboré un plan parfait pour réaliser un casse impossible, un casse qui a changé le crime organisé à New York à plusieurs niveaux.

Ce qui suivit fut encore plus stupéfiant car le cerveau, Jimmy Burke, aussi connu sous le nom de Jimmy le Gent, dut passer de nombreuses nuits à dormir avec un œil ouvert, craignant que certains des membres de son équipe ne « lâchent un morceau » et ne balancent à la police, il assassina ou orchestra les meurtres de presque toutes les personnes impliquées dans le vol.

Burke avait quelques liens forts avec la famille Lucchese, mais son ascendance irlandaise l’empêchait d’obtenir son « bouton ».

Né le 5 juillet 1931 à New York, Burke a passé la plupart de ses années d’enfance dans un orphelinat, où il a souvent subi des abus mentaux, physiques et sexuels, qui ont très probablement joué un rôle crucial dans son style de vie criminel sociopathe.

Il avait 13 ans lorsque la famille Burke l’a adopté, ce qui devait être un tournant dans sa vie car ils le traitaient bien, mais l’adolescent Jimmy a choisi la vie du crime. Néanmoins, il n’a jamais oublié que les Burke l’aimaient comme s’il était leur propre fils, et plus tard, il a fait en sorte qu’ils ne connaissent jamais la pauvreté.

Il n’avait que 18 ans lorsqu’il a commencé à écouler des chèques contrefaits, avant de se faire prendre et de purger cinq ans de prison. Ce qui a impressionné les « sages » de l’époque, c’est que le jeune garçon n’a pas dit un mot à la police au sujet de ses amis impliqués dans le crime, et quand il est sorti de prison, il a été accueilli par la famille criminelle Lucchese et a pu passer à l’étape suivante de sa vie, celle d’être un proche associé de la mafia.

« C’était une époque glorieuse. Les sages étaient partout… C’est là que j’ai rencontré le monde, et c’est là que j’ai rencontré Jimmy Conway pour la première fois. Il ne devait pas avoir plus de 28, ou 29 ans à l’époque… mais il était déjà une légende. Il passait la porte et tous ceux qui travaillaient dans la salle devenaient fous. Il donnait 100 dollars au portier juste pour ouvrir la porte. Il mettait des centaines dans les poches des croupiers qui dirigeaient les jeux. Le barman recevait cent dollars juste pour garder les glaçons froids. » C’est ainsi qu’Henry Hill décrit Jimmy Conway dans Les Affranchis et c’est en fait assez similaire au personnage réel de Jimmy Burke qui a servi de mentor à Thomas DeSimone et Henry Hill dans les années 1960. Tous les trois allaient devenir des partenaires et une source d’inspiration pour le Wiseguy de Pileggi et le film Goodfellas.

Les forces de l’ordre n’ont jamais été en mesure de trouver suffisamment de preuves pour inculper Burke pour le vol de la Lufthansa ou les meurtres connexes. Il est mort d’un cancer en 1996.

Né le 11 juin 1943 à Brooklyn, New York, Henry Hill a toujours voulu devenir un gangster et son quartier était le bon endroit pour le devenir. Il commence sa vie de criminel à l’âge de 13 ans, en faisant office de garçon de courses pour Paul Frank « Paulie » Vario, qui était un capitaine de la famille Lucchese et a servi d’inspiration pour le personnage de Paul Cicero (joué par Paul Sorvino dans Goodfellas).

Le jeune garçon savait qu’il avait sa place dans la Mafia, et pour lui, faire partie de ces gangsters notoires « signifiait être quelqu’un dans un quartier qui était plein de nuls ». À l’âge adulte, il a été condamné à 10 ans de prison après avoir battu John Ciaccio pour avoir manqué un pari. Mais une fois en prison, il a réalisé que les wiseguys étaient traités très différemment des autres prisonniers. Qui ne se souvient pas de la scène emblématique du dîner en prison dans Les Affranchis, où Henry, Paul et le reste de la bande profitent du temps passé en prison ? Nourriture délicieuse, scotch, cigares, et même une livraison de homards font partie des privilèges qu’ils pouvaient s’offrir pendant leur séjour.

Quand les jours moins que terribles en prison furent terminés, Hill retourna au crime organisé et s’impliqua sérieusement dans le business des drogues illégales. En fait, c’était si sérieux que Hill lui-même est devenu un toxicomane et a réalisé que les fédéraux étaient après lui. S’il est attrapé, il sait que cette fois-ci, il passera de longues années en prison et décide de devenir un témoin fédéral. Son témoignage a conduit à 50 arrestations, dont celle de Vario.

Avec sa femme et ses enfants, Hill est entré dans le programme de protection des témoins, mais il a ensuite été expulsé du programme en raison d’accusations de drogue. Il a passé les années suivantes à craindre d’être tué par des mafieux, mais il est mort de causes naturelles dans un hôpital de Los Angeles le 12 juin 2012.

Peut-être que le personnage le plus sympathique de Goodfellas et incontestablement l’un des méchants les plus célèbres de l’histoire du cinéma est Tommy DeVito (joué par Joe Pesci). Dans la vraie vie, il était connu sous le nom de Thomas DeSimone. Surnommé « Two-Gun Tommy » ou « Tommy D », DeSimone est lui aussi entré dans le monde du crime très tôt dans sa vie, en rejoignant l’équipe de Paul Vario en 1965, et selon Henry Hill, il a commis son premier meurtre deux ans plus tard, alors qu’il n’avait que 17 ans.

Son courage et sa détermination étaient largement connus dans les cercles mafieux, mais c’est son petit caractère qui lui apportera beaucoup de problèmes tout au long de sa vie. C’était un « pur psychopathe », selon Henry Hill.

Personne ne sait avec certitude quelle est la longueur de la liste des personnes tuées par DeSimone, mais il y a sûrement des meurtres notoires attribués à Thomas DeSimone et certains d’entre eux sont magistralement dépeints dans le film Goodfellas de Scorsese.

Les efforts de DeSimone étaient sur le point de payer en 1979, car on lui a dit qu’il allait devenir un made man de la famille Lucchese. Cependant, au lieu de devenir un made man, il reçoit une balle dans la tête après que la famille Gambino et la famille Lucchese aient décidé de le liquider parce qu’il avait tué Billy Batts de la famille Gambino, un made man.

La vie du crime est clairement un monde sombre où n’importe qui peut être assassiné pour la moindre erreur. Et si vous choisissez cette vie, vous savez qu’il n’y a pas de retour en arrière possible. Les mafieux doivent s’en tenir à certains principes et leur obéir. L’idée de Scorsese était de rendre le film aussi désordonné que possible et le rythme frénétique de Goodfellas reflète fidèlement ce qui se passait à cette époque. On peut dire que le film est comme un documentaire dans lequel seuls les noms sont changés… légèrement. Ces personnages ont réellement existé, et d’une manière ou d’une autre, ils ont payé le prix de leurs horribles crimes.

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C’est une vie à laquelle il est visiblement difficile de renoncer. Le vieux gangster qui, en 2015, avait été jugé et acquitté pour le casse de la Lufthansa, Vincent Asaro, a été de nouveau arrêté cette année. Cette fois, il a plaidé coupable pour avoir ordonné l’incendie de la voiture d’un homme du Queens en avril 2012. Le conducteur de la « voiture en fuite » du crime du Queens ? John Gotti, 23 ans, petit-fils du défunt chef des Gambino, John Gotti. Asaro et Gotti seront tous deux condamnés pour leur crime plus tard cette année.

En attendant, Asaro reste derrière les barreaux.

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