Peut-on vraiment éliminer les toxines par la transpiration ?

Jeune sportive se reposant après avoir couru, transpirant

©crdjan/Fotolia

Vous êtes dans votre cours de yoga hebdomadaire, inversée et étirant votre corps alors qu’une musique de sitar canalisée coule de manière apaisante en arrière-plan. En vous concentrant, vous vous enfoncez davantage dans la position. Une goutte de sueur coule sur l’arête de votre nez et se dépose sur votre tapis de yoga. L’instructeur chantonne : « C’est ça, transpirez pour éliminer toutes ces toxines. » Vous vous exécutez, vos pores se dilatent et votre peau est bientôt couverte de sueur. Vous faites le reste de la routine et vous partez en vous sentant plus légère. Nettoyée, même. Une partie de cette euphorie est sûrement due à la nouvelle absence de toxines dans votre corps, non ?

Or, un problème avec cette notion : Votre peau n’est pas réellement un organe excréteur. Le yoga, comme tout exercice, est indiscutablement bon pour vous s’il est pratiqué correctement. En effet, une activité vigoureuse aide le corps à se débarrasser des toxines en augmentant la circulation du liquide lymphatique et du sang, qui sont filtrés respectivement par les ganglions lymphatiques et les reins. (Les toxines filtrées par les ganglions lymphatiques sont redéposées dans le sang et éliminées par les reins). Le foie filtre également certains déchets, qui sont libérés dans l’intestin sous forme de bile.

Le fait est, cependant, que la fin de la route pour ces poisons – tant métaboliques qu’environnementaux – est couverte par la plupart des maillots de bain. Le but de la transpiration n’est pas de purger le corps des toxines mais de le refroidir par évaporation. La sueur provenant des glandes sudoripares eccrines – celles qui couvrent la majeure partie du corps – est composée à 99 % d’eau et ne contient que de très faibles quantités de sels, d’urée et de glucides, qui sont tous des sous-produits naturels des processus corporels. Les glandes sudoripares apocrines, associées aux follicules pileux des régions axillaires et de l’aine, libèrent certaines graisses en même temps que l’eau. Lorsqu’elles sont décomposées par les bactéries de la peau, ces substances sont à l’origine de l’odeur mûre caractéristique d’une personne stressée ou ayant fait un exercice physique intense. Les graisses peuvent contenir des quantités accidentelles de toxines liposolubles, mais les glandes sudoripares apocrines ne constituent pas une voie majeure pour les éliminer du corps. Toutes les substances nocives qui ont pu être recueillies par les filtres de votre corps sont, pour le dire délicatement, en train de percoler vers le bas à l’intérieur de vous, et non pas de tremper vos vêtements de yoga. Alors, la prochaine fois qu’un instructeur débitera ce canard pseudo-scientifique sur la sueur toxique, vous pourrez peut-être vous référer à un manuel de physiologie (ou à ce billet) et apporter votre propre éclairage.

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