Qui détecte réellement la rechute d’un lymphome hodgkinien : Le patient ou le médecin ?

Contexte : Peu d’études ont évalué objectivement la valeur de l’évaluation clinique, de laboratoire et radiologique de routine pour détecter la récidive du lymphome de Hodgkin. Le suivi optimal des patients (pts) en rémission complète après un traitement initial n’a pas été défini.

Méthodes : Nous avons identifié 99 pts adultes atteints de lymphome de Hodgkin, ayant reçu un traitement et un suivi supervisé par la British Columbia Cancer Agency et ayant rechuté entre janvier 1990 et avril 2004. Les patients qui n’ont pas obtenu de rémission complète ou qui ont eu une deuxième hémopathie maligne ont été exclus. Les patients ont été suivis à l’aide d’une évaluation clinique, d’une radiographie pulmonaire, d’une numération sanguine et d’un test d’alcoolémie tous les 3 mois pendant 2 ans, puis tous les 6 mois pendant 3 ans, et enfin tous les ans. Des tomodensitométries de routine étaient recommandées toutes les 6 m pendant 3 ans, puis annuellement pendant 2 ans. Les rechutes étaient catégorisées comme identifiées par le pt (symptômes, nouvelle maladie palpable) ou par le médecin (examen physique de routine ou études radiologiques ou de laboratoire chez les pts asymptomatiques).

Résultats : L’âge médian au moment du diagnostic initial était de 28 ans (intervalle 14-73). 86 pts présentaient initialement une maladie de stade avancé et 13 de stade limité. Le traitement primaire était la chimiothérapie +/- la radiation chez 93 pts et la radiation seule chez 6 pts. 10 pts ont bénéficié d’une GCS autologue pour une maladie réfractaire primaire. Le suivi médian depuis le diagnostic était de 82 mois (intervalle 12-241). Le délai médian avant la première rechute à partir de la fin du traitement était de 14 mois (de 2 à 142). Sur les 99 rechutes, 75 (76%) ont été identifiées par le patient et 24 (24%) par le médecin. Les symptômes systémiques de la rechute étaient les suivants : fatigue chez 13 patients, douleurs dues à l’alcool chez 3 patients, perte de poids chez 11 patients, prurit chez 9 patients, sueurs nocturnes chez 19 patients et fièvre chez 6 patients. Les symptômes locaux étaient les suivants : essoufflement 8 ; douleur thoracique 8 ; douleur dorsale 9 ; douleur abdominale 3. 29 pts présentaient plus d’un symptôme. 44 pts ont noté un nouveau ganglion lymphatique ou une nouvelle masse et 1 pt a présenté un gonflement de la jambe. 24 rechutes ont été détectées par le médecin : 14 à la radiographie, 7 au scanner, 1 au lymphangiogramme et 2 à l’examen physique. Aucune rechute asymptomatique n’a été identifiée par les seules anomalies de laboratoire. 2 des 13 rechutes chez les patients dont la maladie était initialement à un stade limité (18 %) ont été détectées par le médecin (1 CXR et 1 CT thoracique), contre 22 sur 86 (26 %) dans les cas de maladie avancée. 78% des rechutes sont survenues dans les 36 mois suivant la fin du traitement initial.

Rechutes détectées par le patient vs le médecin par période de suivi

Temps depuis la fin du traitement . Rechute détectée par le patient . Rechute détectée par le médecin . Nombre total de rechutes .
< 12 mois 37 (80%) 9 (20%). 46
12-35 mois 19 (61 %) 12 (39 %) 31
≥ 36 mois 19 (86%) 3 (14%) 22
Toutes les rechutes 75 (76%) 24 (24%) 99

.

Temps depuis la fin du traitement . Rechute détectée par le patient . Rechute détectée par le médecin . Nombre total de rechutes .
< 12 mois 37 (80%) 9 (20%) 46
12-35 mois 19 (61%) 12 (39%) 31
≥ 36 mois 19 (86%) 3. (14%) 22
Toutes les rechutes 75 (76%) 24 (24%) 99

80% des rechutes dans les 12 mois suivant la fin du traitement ont été détectées par les pts malgré une surveillance plus intensive des médecins au cours de cette période. La proportion de rechutes détectées par les médecins était la plus importante 12 à 36 mois après la fin du traitement, ce qui peut être dû à une rechute avec une maladie à évolution plus lente, susceptible d’être détectée par des tests de routine périodiques alors qu’elle est encore relativement fréquente. Les 22% de rechutes survenues dans la période de surveillance moins fréquente, plus de 3 ans après le traitement, ont été principalement détectées par les pts.

Conclusions : 76% des rechutes de lymphome hodgkinien ont été détectées par le pt et 78% des rechutes sont survenues dans les 3 ans suivant la fin du traitement. Les rechutes asymptomatiques ont été détectées à l’examen physique et aux études radiologiques, mais pas aux tests de laboratoire. La plus grande proportion de rechutes détectées par le médecin est survenue 12 à 35 mois après le traitement. Le suivi annuel de routine au-delà de 36 mois a contribué de façon minime à la détection des rechutes, identifiant seulement 3 % du total des rechutes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *