La leishmaniose est causée par un parasite protozoaire de plus de 20 espèces de Leishmania. Plus de 90 espèces de phlébotomes sont connues pour transmettre les parasites Leishmania. Il existe 3 formes principales de la maladie :
- La leishmaniose viscérale (LV), également connue sous le nom de kala-azar est mortelle si elle n’est pas traitée dans plus de 95% des cas. Elle se caractérise par des accès irréguliers de fièvre, une perte de poids, une hypertrophie de la rate et du foie et une anémie. La plupart des cas se produisent au Brésil, en Afrique de l’Est et en Inde. On estime que 50 000 à 90 000 nouveaux cas de LV se déclarent chaque année dans le monde, dont seulement 25 à 45 % sont signalés à l’OMS. Elle reste l’une des principales maladies parasitaires à potentiel épidémique et de mortalité. En 2018, plus de 95 % des nouveaux cas déclarés à l’OMS sont survenus dans 10 pays : Brésil, Chine, Éthiopie, Inde, Irak, Kenya, Népal, Somalie, Soudan du Sud et Soudan.
- La leishmaniose cutanée (LC) est la forme la plus courante de leishmaniose et provoque des lésions cutanées, principalement des ulcères, sur les parties exposées du corps, laissant des cicatrices à vie et un handicap ou un stigmate grave. Environ 95 % des cas de CL surviennent dans les Amériques, le bassin méditerranéen, le Moyen-Orient et l’Asie centrale. En 2018, plus de 85 % des nouveaux cas de CL sont survenus dans 10 pays : Afghanistan, Algérie, Bolivie, Brésil, Colombie, Iran (République islamique d’), Irak, Pakistan, République arabe syrienne et Tunisie. On estime qu’entre 600 000 et 1 million de nouveaux cas surviennent chaque année dans le monde.
- La leishmaniose muco-cutanée entraîne une destruction partielle ou totale des muqueuses du nez, de la bouche et de la gorge. Plus de 90 % des cas de leishmaniose mucocutanée surviennent en Bolivie (État plurinational de), au Brésil, en Éthiopie et au Pérou.
Transmission
Les parasites de la leishmaniose sont transmis par les piqûres de phlébotomes femelles infectées, qui se nourrissent de sang pour produire des œufs. L’épidémiologie de la leishmaniose dépend des caractéristiques du parasite et des espèces de phlébotomes, des caractéristiques écologiques locales des sites de transmission, de l’exposition actuelle et passée de la population humaine au parasite, et du comportement humain. Quelque 70 espèces animales, dont l’homme, ont été trouvées comme hôtes réservoirs naturels des parasites Leishmania.
Spécificités régionales de l’OMS
Région Afrique de l’OMS
Les leishmanioses viscérales, cutanées ou mucocutanées sont endémiques en Algérie et dans les pays d’Afrique de l’Est qui sont fortement endémiques. En Afrique de l’Est, des flambées de leishmaniose viscérale surviennent fréquemment.
Région OMS des Amériques
L’épidémiologie de la leishmaniose cutanée dans les Amériques est très complexe, avec des variations dans les cycles de transmission, les hôtes réservoirs, les vecteurs phlébotomes, les manifestations cliniques et la réponse au traitement, et de multiples espèces de Leishmania en circulation dans la même zone géographique. En 2018, le Brésil représentait plus de 97 % des cas de LV dans cette région.
Région de la Méditerranée orientale de l’OMS
Cette région représente 70 % des cas de leishmaniose cutanée dans le monde. La leishmaniose viscérale est fortement endémique en Irak, en Somalie et au Soudan.
Région européenne de l’OMS
La leishmaniose cutanée et viscérale est endémique dans cette région. En 2018, plus de 200 cas importés principalement d’Afrique et des Amériques ont été signalés dans cette région.
Région OMS de l’Asie du Sud-Est
La leishmaniose viscérale est la principale forme de la maladie dans cette Région, également endémique pour la leishmaniose cutanée. La Région est la seule à avoir lancé une initiative visant à éliminer la leishmaniose viscérale en tant que problème de santé publique d’ici 2020. En 2018, la Région a observé moins de 5 000 cas – son nombre le plus bas jamais enregistré . La Région est prête à atteindre cet objectif, les pays visant à ce que l’OMS valide l’élimination d’ici 2023.
La leishmaniose dermique post-kala-azar (PKDL)
La leishmaniose dermique post-kala-azar (PKDL) est généralement une séquelle de la leishmaniose viscérale qui se manifeste par une éruption maculaire, papulaire ou nodulaire généralement sur le visage, le haut des bras, les troncs et d’autres parties du corps. Elle survient principalement en Afrique de l’Est et sur le sous-continent indien, où 5 à 10 % des patients atteints de kala-azar développeraient cette affection. Elle apparaît généralement 6 mois à 1 an ou plus après la guérison apparente du kala-azar, mais peut survenir plus tôt. Les personnes atteintes de PKDL sont considérées comme une source potentielle d’infection par Leishmania.
Coïnfection Leishmania-VIH
Les personnes co-infectées par Leishmania-VIH ont de fortes chances de développer la maladie clinique complète, et des taux de rechute et de mortalité élevés. Le traitement antirétroviral réduit le développement de la maladie, retarde les rechutes et augmente la survie des patients coinfectés. Des taux élevés de coinfection Leishmania-VIH sont rapportés au Brésil, en Éthiopie et dans l’État du Bihar en Inde.
Facteurs de risque majeurs
Conditions socio-économiques
La pauvreté augmente le risque de leishmaniose. Les mauvaises conditions de logement et d’hygiène domestique (comme l’absence de gestion des déchets ou d’égouts à ciel ouvert) peuvent augmenter les sites de reproduction et de repos des phlébotomes, ainsi que leur accès aux humains. Les phlébotomes sont attirés par les logements surpeuplés, qui constituent une bonne source de repas sanguins. Les comportements humains, comme le fait de dormir dehors ou sur le sol, peuvent augmenter le risque.
Malnutrition
Les régimes alimentaires manquant de protéines-énergie, de fer, de vitamine A et de zinc augmentent le risque qu’une infection évolue vers une maladie à part entière.
Mobilité de la population
Les épidémies de leishmaniose cutanée et viscérale sont souvent associées à la migration et au déplacement de personnes non immunes vers des zones où existent des cycles de transmission. L’exposition professionnelle ainsi que la déforestation généralisée restent des facteurs importants.
Changements environnementaux
L’incidence de la leishmaniose peut être affectée par des changements dans l’urbanisation, et l’incursion humaine dans les zones forestières.
Changements climatiques
La leishmaniose est sensible au climat car il affecte l’épidémiologie de plusieurs façons :
- Les changements de température, de précipitations et d’humidité peuvent avoir de forts effets sur les vecteurs et les hôtes réservoirs en modifiant leur distribution et en influençant leur survie et la taille des populations ;
- de petites fluctuations de température peuvent avoir un effet profond sur le cycle de développement des promastigotes de Leishmania chez les phlébotomes, permettant la transmission du parasite dans des zones qui n’étaient pas auparavant endémiques pour la maladie;
- la sécheresse, la famine et les inondations peuvent entraîner des déplacements et des migrations massives de personnes vers des zones de transmission de Leishmania, et une mauvaise nutrition pourrait compromettre leur immunité.
Diagnostic et traitement
Dans la leishmaniose viscérale, le diagnostic se fait en combinant les signes cliniques et les tests parasitologiques, ou sérologiques (comme les tests de diagnostic rapide). Dans la leishmaniose cutanée et mucocutanée, les tests sérologiques ont une valeur limitée et les manifestations cliniques avec les tests parasitologiques confirment le diagnostic.
Le traitement de la leishmaniose dépend de plusieurs facteurs dont le type de maladie, les pathologies concomitantes, l’espèce parasitaire et la localisation géographique. La leishmaniose est une maladie traitable et curable, qui nécessite un système immunocompétent car les médicaments ne permettront pas d’éliminer le parasite de l’organisme, d’où le risque de rechute en cas d’immunosuppression. Tous les patients chez qui on a diagnostiqué une leishmaniose viscérale doivent recevoir un traitement rapide et complet. Des informations détaillées sur le traitement des différentes formes de la maladie par localisation géographique sont disponibles dans la série de rapports techniques 949 de l’OMS, « Lutte contre la leishmaniose ».
Prévention et lutte
La prévention et la lutte contre la leishmaniose nécessitent une combinaison de stratégies d’intervention car la transmission se produit dans un système biologique complexe impliquant l’hôte réservoir humain ou animal, le parasite et le vecteur phlébotome. Les principales stratégies de prévention sont énumérées ci-dessous :
- Un diagnostic précoce et un traitement rapide et efficace réduisent la prévalence de la maladie et préviennent les handicaps et les décès. Il permet de réduire la transmission et de surveiller la propagation et la charge de la maladie. Il existe actuellement des médicaments anti-leishmaniens très efficaces et sûrs, en particulier pour la leishmaniose viscérale, bien qu’ils puissent être difficiles à utiliser. L’accès aux médicaments s’est considérablement amélioré grâce à un système de prix négocié par l’OMS et à un programme de dons de médicaments par l’intermédiaire de l’OMS.
- La lutte antivectorielle permet de réduire ou d’interrompre la transmission de la maladie en diminuant le nombre de phlébotomes. Les méthodes de lutte comprennent la pulvérisation d’insecticide, l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide, la gestion de l’environnement et la protection individuelle.
- Une surveillance efficace de la maladie est importante pour surveiller rapidement et agir pendant les épidémies et les situations avec des taux de létalité élevés sous traitement.
- La lutte contre les hôtes réservoirs animaux est complexe et doit être adaptée à la situation locale.
- Mobilisation sociale et renforcement des partenariats – la mobilisation et l’éducation de la communauté avec des interventions efficaces de changement de comportement doivent toujours être adaptées localement. Le partenariat et la collaboration avec diverses parties prenantes et d’autres programmes de lutte contre les maladies à transmission vectorielle sont essentiels.
Réponse de l’OMS
Le travail de l’OMS sur la lutte contre la leishmaniose implique :
- Un soutien technique et financier aux programmes nationaux de lutte contre la leishmaniose pour produire des directives actualisées et faire des plans de lutte contre la maladie, y compris des systèmes de surveillance durables et efficaces, et des systèmes de préparation et de réponse aux épidémies.
- Surveiller les tendances de la maladie et évaluer l’impact des activités de contrôle qui permettront de sensibiliser et de plaider sur la charge mondiale de la leishmaniose et de promouvoir un accès équitable aux services de santé.
- Développer des stratégies politiques et des normes fondées sur des preuves pour la prévention et le contrôle de la leishmaniose et surveiller leur mise en œuvre.
- Renforcer la collaboration et la coordination entre les partenaires et les parties prenantes.
- Promouvoir la recherche et l’utilisation d’un contrôle efficace de la leishmaniose, y compris des médicaments sûrs, efficaces et abordables, ainsi que des outils de diagnostic et des vaccins.
- Soutenir les programmes de contrôle nationaux pour garantir l’accès à des médicaments de qualité assurée.
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