Tout bouché : Déboucher le chat constipé

Cahier du client nouvellement mis à jour

Nous avons travaillé avec le Dr Margie Scherk pour mettre à jour un cahier du client sur la constipation féline. Obtenez-le ici même.

S’épuisant dans le bac à litière-peut-être même en criant ou en laissant des boulettes dures indésirables autour de la maison-les félins constipés sont mal à l’aise. Et la constipation peut interférer avec l’appétit du chat et même entraîner des vomissements. Les approches traditionnelles de ce problème difficile comprennent l’administration de lavements, de laxatifs pour ramollir les selles ou augmenter les contractions, de fibres alimentaires et d’agents de promotion. Pourrait-on passer à côté de quelque chose de vraiment fondamental ? Et quand devrions-nous nous préoccuper des effets à long terme de la constipation ?

CUSES DE LA CONSTIPATION

La constipation est un signe clinique qui n’est pathognomonique d’aucune cause particulière. Le plus souvent, la constipation est le résultat et le signe d’une déshydratation. Le corps est composé de 65% à 75% d’eau, selon l’âge et le pourcentage de graisse corporelle du chat. L’homéostasie tente de maintenir un environnement cellulaire et extracellulaire constant. Lorsque les cellules se déshydratent, le corps prend des mesures pour corriger le déficit en liquide. Boire davantage et concentrer l’urine sont utiles, mais une fois ces capacités maximisées, l’eau est réabsorbée dans le côlon, ce qui donne des selles plus sèches et plus difficiles à évacuer. En gardant cela à l’esprit, la thérapie médicale pourrait ne pas être la meilleure approche thérapeutique initiale.

Les autres causes de constipation incluent des problèmes qui entraînent une obstruction (mécanique ou fonctionnelle), une défécation douloureuse, un stress au sein de l’environnement domestique (social ou toilettes sales), et éventuellement une maladie métabolique (tableau 1).

ÉVALUATION DU PATIENT

Histoire

Étant donné la myriade de causes possibles ainsi que les problèmes concomitants, obtenir une anamnèse appropriée est très important. Les clients peuvent interpréter à tort une strangurie comme un ténesme. Non seulement il est important de s’enquérir de l’alimentation actuelle du chat (type, fréquence, appétit), mais il faut également s’assurer de poser des questions pour déterminer si le patient pourrait être déshydraté (en raison d’une diminution de l’apport ou d’une augmentation de la perte d’eau), s’il souffre de douleurs orthopédiques ou s’il n’est pas enclin à utiliser le bac à litière en raison de facteurs sociaux ou liés à la toilette (peur, bac désagréable). Cliquez ici pour télécharger un formulaire client avec des questions spécifiques à poser pour aborder longuement ces éventuelles préoccupations.

La constipation légère ne nécessite pas beaucoup de bilan ou de traitement, mais l’identification de ses causes est pertinente pour la prise en charge afin de réduire les chances de progression. Une constipation chronique et récurrente entraîne une dilatation du côlon et une obstipation qui, chez certains chats, devient irréversible, un mégacôlon idiopathique réfractaire au traitement en raison de la perte de la fonction neuromusculaire normale (voir l’encadré  » Évolution chronique de la constipation « ).1

Examen physique

À l’examen, l’hydratation est évaluée en appréciant l’élasticité de la peau plus l’éclat du pelage, l’humidité des muqueuses et la position des yeux (tableau 2). L’élasticité de la peau peut être trompeuse chez les patients âgés (ainsi que chez les jeunes chatons) en raison des changements liés à l’âge dans la distribution de l’eau corporelle, de l’élastine et du collagène. Le poids corporel, le changement de poids par rapport à l’évaluation précédente, le score de condition corporelle (indiquant le pourcentage de graisse corporelle) et le score de condition musculaire (indiquant l’adéquation des protéines) aident à déterminer la progression de la déshydratation ainsi que les quantités nécessaires pour réhydrater l’individu.

Tests diagnostiques

Si un chat connaît son premier épisode de constipation non compliquée, des tests supplémentaires peuvent ne pas être nécessaires et une réhydratation thérapeutique sera probablement adéquate. En cas de constipation récurrente ou lorsque des complications telles qu’un traumatisme ou une maladie articulaire dégénérative (DJD) ou des signes neurologiques sont présents, des étapes supplémentaires sont recommandées. Une base de données minimale comprenant une formule sanguine complète (CBC), un profil de chimie sérique, une mesure de la concentration totale de thyroxine (T4) et une analyse d’urine doit être effectuée pour évaluer l’état métabolique global et obtenir plus d’informations concernant le degré de déshydratation.

La palpation abdominale révèle la présence de matières fécales fermes dans le côlon, à moins que les matières fécales ne soient cachées dans le rectum pelvien. Des radiographies sont nécessaires pour confirmer que la masse ferme est intraluminale ainsi que pour identifier d’éventuels problèmes extraluminaux tels que des masses obstructives ou des problèmes orthopédiques ou squelettiques. La spondylose déformante de la colonne vertébrale lombosacrée ainsi que la douleur due à des changements dégénératifs au niveau des épaules, des coudes, des hanches, des grassets ou des jarrets peuvent limiter la mobilité, rendant plus difficile l’accès au bac à litière ou l’accroupissement confortable. Des signes de fracture pelvienne ou d’autres fractures mal alignées peuvent être observés.

La sédation peut être utile, permettant une manipulation douce des articulations pour évaluer si l’amplitude des mouvements est limitée ou si une douleur est présente. Tous les chats souffrant de constipation récurrente devraient subir un examen rectal digital. Cela permet d’évaluer les anomalies des glandes anales, de la prostate et de l’anse pelvienne, ainsi que la présence de diverticules rectaux, de polypes ou d’autres masses obstructives. Un ténesme chronique peut entraîner une hernie périnéale.

L’échographie abdominale est utile pour évaluer la motilité, pour examiner plus en détail les structures abdominales et pour prélever des échantillons de biopsie à l’aiguille fine des lésions suspectes. Une coloscopie peut être nécessaire pour biopsier les masses murales ou intraluminales. La tomographie assistée par ordinateur ou l’imagerie par résonance magnétique peuvent être utilisées en cas de présence d’une lésion intrapelvienne ou de déficits neurologiques.

Les chats présentant des signes de problèmes neurologiques (par exemple paraparésie, hyporéflexie, rétention urinaire, régurgitation) doivent subir un examen neurologique complet afin d’exclure une dysgénésie sacrocaudale (par exemple dans la race Manx), une néoplasie spinale ou une dysautonomie.

Soulager un chat constipé

Cinq étapes sont nécessaires pour soulager la constipation chez le chat (voir l’encadré  » Les étapes du traitement de la constipation chez le chat  » pour un aperçu du processus de traitement).

Etape 1 : Réhydratation

La pierre angulaire du traitement de la constipation est la réhydratation et le maintien d’un état d’hydratation. La thérapie liquidienne pour la réhydratation peut consister en des fluides intraveineux, mais la thérapie sous-cutanée est généralement adéquate. Le volume de liquide nécessaire pour corriger le déficit liquidien est basé sur le poids du patient précédemment hydraté. Si elle n’est pas connue, la concentration en protéines totales en conjonction avec le volume globulaire peut être utile.

Un liquide polyionique isotonique (par exemple la solution de Ringer lactée) est approprié pour la réhydratation par voie sous-cutanée. Une solution de remplacement telle que Normosol-R (Hospira) ou Plasma-Lyte 148 (Baxter) serait un meilleur choix si la voie intraveineuse est utilisée. Une solution d’entretien est préférable pour un traitement d’entretien continu afin de prévenir l’hypernatrémie et l’hypokaliémie, mais si l’utilisation sous-cutanée entraîne un inconfort, la solution de Ringer lactate peut être envisagée. Le volume nécessaire au maintien de l’hydratation est de 60 ml/kg de poids normal et hydraté/jour (voir l’encadré « Exemple de cas : Volume de liquide pour la correction du déficit et le maintien de l’hydratation »).2

Étape 2 : élimination des selles

L’élimination des selles par lavements ou extraction manuelle peut être effectuée pendant la réhydratation du patient. Mais il ne faut pas commencer la thérapie diététique, les agents prokinétiques et les laxatifs avant que le patient ne soit réhydraté. En effet, les fibres alimentaires et la thérapie médicale augmentent l’eau fécale ou interfèrent avec les tentatives du côlon de résorber l’eau nécessaire à l’hydratation cellulaire3.

L’administration de plus petits volumes (par exemple 35 ml) d’eau chaude (ou de solution saline) mélangés à 5 ml d’huile minérale, de glycérine, de polyéthylène glycol (PEG ou PEG 3350), de lactulose ou de docusate de sodium plusieurs fois au cours d’une période de 24 heures est plus sûre et plus efficace que l’administration du volume entier en bolus.1 Comme le docusate de sodium augmente l’absorption du contenu intraluminal dans la circulation sanguine, il ne doit pas être administré en même temps que l’huile minérale.

Des suppositoires rectaux pédiatriques peuvent également être utilisés (par exemple, bisacodyl, docusate de sodium). Si le patient est anesthésié ou sédaté pour une manipulation rectale (examen digital, extraction manuelle des matières fécales ou administration d’un lavement), utiliser une sonde endotrachéale à ballonnet pour éviter toute aspiration due aux vomissements.

Étape 3 : Thérapie diététique

Les fibres solubles (par exemple la pectine, les oligosaccharides) sont capables d’adsorber (fixer) l’eau et de former un gel. Les fibres insolubles augmentent le volume des selles, ce qui entraîne une distension et une contraction réflexe. Les deux interfèrent avec la réabsorption de l’eau dans l’organisme et ne doivent être envisagées que lorsque le patient est bien hydraté. Les différentes sources de fibres ont des proportions solubles:insolubles différentes.

Les fibres peuvent également être caractérisées par des différences de fermentabilité. Cela fait référence à la capacité des bactéries intestinales à produire des acides gras à chaîne courte (AGCC) et du gaz à partir de la fibre. Les fibres modérément fermentescibles, comme la pulpe de betterave, sont préférables à une source de fibres hautement fermentescibles et à forte production de gaz.4-6 Les AGCC sont vitaux en tant que source d’énergie pour les colonocytes et sont essentiels à la motilité.

Bien qu’un régime sec enrichi en psyllium se soit avéré efficace pour traiter la constipation,7 augmenter la consommation d’eau en incluant des aliments humides et en multipliant les postes d’eau désirables dans la maison est bénéfique. Comme pour tout ce qui concerne les chats, l’individualisation est essentielle. Quel que soit le régime alimentaire choisi, réévaluez le patient pour vous assurer que le régime a l’effet désiré.

Etape 4 : Administration de laxatifs

Les cathartiques sont des agents qui augmentent la motilité colique. Ils comprennent les laxatifs hyperosmotiques tels que les polysaccharides (par exemple, le lactulose) et les PEG ou ceux qui irritent et stimulent la muqueuse (par exemple, les huiles végétales, le sennoside, la glycérine).

Les vrais laxatifs agissent par d’autres mécanismes. Les laxatifs lubrifiants (par exemple, l’huile minérale, les remèdes contre les boules de poils) entravent l’absorption de l’eau du côlon vers l’organisme ; les laxatifs émollients (par exemple, un détergent anionique tel que le docusate de sodium) favorisent l’absorption des lipides dans l’organisme, mais entravent l’absorption de l’eau dans l’organisme ; les laxatifs volumineux (par ex.g. cellulose ou polysaccharides peu digestibles tels que les céréales) augmentent la masse fécale, la fermentation et la viscosité.

Étape 5 : Administration de médicaments de promotilité

Envisager des médicaments de promotilité après que d’autres thérapies ont été instituées et se sont révélées insuffisantes. Les agents cholinergiques (par exemple le bethanechol) ont des effets secondaires indésirables et ne peuvent pas être recommandés.8 Les médicaments affectant les récepteurs sérotoninergiques 5-HT4 (par exemple le cisapride, le mosapride, le prucalopride, le tegaserod) ont été utilisés avec effet.9-11 Ils doivent être administrés par voie orale, car la voie transdermique ne parvient pas à délivrer des niveaux thérapeutiques11. Expérimentalement, la nizatidine et la ranitidine inhibent l’activité anticholinestérasique, agissant en synergie avec le cisapride.12

Si le patient a des problèmes médicaux concomitants, il peut recevoir d’autres médicaments susceptibles d’exacerber la constipation. Il s’agit notamment de ceux qui augmentent la déshydratation, comme les diurétiques, et de ceux qui interfèrent avec la motilité intestinale, comme les agents anticholinestérasiques et sympathomimétiques, le baryum, les opioïdes, les antidépresseurs tricycliques et certains antihistaminiques H1.

Quel rôle joue l’environnement ?

Un besoin environnemental fondamental est de disposer de ressources multiples mais séparées.13 Il s’agit notamment de duplicata chacun d’eau, de nourriture, de bacs à litière ou de latrines extérieures, de perchoirs, de zones de repos et de stations de jouets. En disposant de plusieurs sites, séparés les uns des autres, le risque d’agression entre chats ou de menace (perçue ou réelle) de la part d’autres individus est minimisé. Avoir des bacs à litière sans capuchon est important pour éliminer le risque d’embuscade.

Les bacs à litière doivent être grands (au moins 1,5 fois la longueur du chat) et très propres. Les bacs à litière – et toutes les stations de ressources – doivent être faciles d’accès, en particulier pour un chat dont la mobilité est réduite (par exemple en raison d’une DJD).

Les stations d’eau doivent également être maintenues propres et rafraîchies régulièrement. Le fait de donner de petites quantités de nourriture fréquemment amène les chats à boire un plus grand volume d’eau.14 La nourriture humide augmente la consommation d’eau de manière significative, favorisant un état d’hydratation positif.

Couper est guérir ?

La colectomie doit être considérée comme un  » dernier recours  » pour un chat atteint de mégacôlon réfractaire à la prise en charge médicale et luttant contre l’obstipation depuis plus de six mois. Si un traumatisme pelvien entraînant une désunion s’est produit plus de six mois auparavant, la colectomie est de même justifiée.

Si le traumatisme pelvien s’est produit il y a moins de six mois, cependant, l’ostéotomie pelvienne peut être tout ce qui est nécessaire pour empêcher le mégacôlon de se développer chez le chat.

La colectomie est une procédure avec des complications potentielles importantes et doit être adressée à un chirurgien ayant des compétences avancées en matière de tissus mous et d’anastomose chaque fois que cela est possible.

SOMMAIRE

Une correction et une gestion précoces de la constipation permettront d’éviter le développement de problèmes irréversibles. Les effets de tous les médicaments et de toutes les manipulations diététiques dépendent de l’hydratation adéquate du patient. Les aspects comportementaux et environnementaux ne doivent pas être négligés.

Des bacs à litière propres, attrayants, sûrs et faciles d’accès permettent non seulement d’améliorer une qualité de vie positive, mais aussi de prévenir la rétention de matières fécales ou une élimination inappropriée.

Un suivi régulier est très important. Évaluer l’effet des recommandations sur l’individu et faire les ajustements nécessaires permettra d’obtenir les meilleurs résultats.

Margie Scherk, DVM, DABVP (pratique féline)

catsINK

Vancouver, Canada

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